Nous sommes au Mexique, pas très longtemps après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb...
Il fait encore nuit ce matin-là, samedi 9 Décembre 1531, quand Juan Diego, un simple paysan de 57 ans, quitte sa pauvre maison pour se rendre à la messe.
Comme il arrive au pied de la colline Tepeyac, Juan Diego entend tout à coup de magnifiques chants d’oiseaux qui semblent saluer le lever du jour...
Intrigué par ce concert inattendu, il lève les yeux et aperçoit comme une nuée de lumière qui étincelle dans le soleil levant, avec des reflets de l’arc en ciel. Quelle merveille !
”Est-ce que je vois bien, se dit-il, où suis-je donc ? Est-ce déjà le Paradis ?”
Et soudain une voix très douce l’appelle par son nom... Le cœur plein de joie, Juan Diego gravit la colline. Au sommet, il se trouve face à une jeune fille d’une merveilleuse beauté, debout au milieu d’une sorte de fleuve de lumière, qui lui dit : “Je suis la toujours Vierge Marie, Mère du vrai Dieu, et la mère de tous ceux qui, dans leur misère, se tournent vers moi avec confiance. Je veux qu’on me bâtisse ici une église pour faire connaître et aimer mon Fils. Va trouver l’évêque de Mexico...”
L’indien, très ému, s’incline profondément : “Je vais tout de suite, très noble Dame, faire tout ce que vous m’avez dit. Je suis votre serviteur.”
Plein de confiance, Juan Diego parcourt les quelques kilomètres qui le séparent de l’évêché où réside Mgr Juan de Zumarraga, premier évêque du Mexique...
A cause de l’heure bien matinale, et sans doute aussi parce que c’est un pauvre visiteur, on ne s’intéresse pas beaucoup à lui. Après l’avoir fait longtemps attendre, on finit par le laisser entrer. L’évêque l’écoute avec surprise faire son récit et lui pose quelques questions. Mais il pense que c’est sans doute un illuminé et le renvoie en lui disant qu’il va réfléchir...
Juan Diego est bien triste de voir qu’il n’a pas été cru sur parole et que les demandes de la Sainte Vierge ne sont pas prises au sérieux. Quelle déception !... Le soir même, au coucher du soleil, la Reine du Ciel réapparaît au même endroit à Juan Diego. Il lui raconte en détail sa visite chez l’évêque et lui suggère, avec respect, de choisir un autre messager : “Envoyez-lui donc une autre personne qui ait plus de prestige que moi et qui soit capable d’inspirer confiance, car, vous le voyez, je ne suis qu’un pauvre et misérable paysan...”
Notre Dame l’écoute avec une grande bonté mais c’est lui, Juan Diego, “le plus petit d’entre ses fils”, qu’elle veut pour messager.”
Peut-être serai-je mal reçu, répond Juan Diego, et l’évêque ne me croira pas ! N’importe ! Je ferai tout mon possible et demain, au soleil couchant, je serai ici pour vous donner sa réponse.”
Le lendemain donc, dimanche 10 Décembre, le pauvre Juan Diego, après la messe, frappe à l’évêché... On le fait encore attendre. Enfin, prosterné devant l’évêque, les yeux pleins de larmes, il dit que, pour la seconde fois, il a vu la Dame au même endroit, et qu’elle le renvoie pour demander qu’on lui construise une église, et que c’est vraiment la Mère de Jésus-Christ, la toujours Vierge Marie...”
Cette fois, l’évêque, plus que la veille, s’intéresse à Juan Diego ; il lui pose encore beaucoup de questions et paraît un peu ébranlé.
Malgré tout, il trouve qu’il n’y a pas assez de garanties et dit à Juan Diego de demander à la Dame un signe. De plus, discrètement, il donne mission à deux hommes de confiance de suivre Juan Diego et de surveiller tout ce qu’il fait...
Juan Diego reprend donc sa route et arrive au pont de la rivière qui coule au pied de la colline. Et là, il disparaît tout-à-coup aux yeux de ses observateurs. Quel mystère !... Après avoir cherché en vain sur tous les sentiers et dans les buissons, furieux de l’avoir perdu, ils rentrent à l’évêché, en assurant que c’est un sorcier ou un imposteur qu’il faudra punir s’il ose revenir...
Pendant ce temps, Juan Diego a continué sa route. A la cime de la colline, la Sainte Vierge l’attend ; il lui fait le récit de la seconde audience : Mgr Zumarraga réclame un signe qui puisse le convaincre.
La Vierge Marie remercie affectueusement son serviteur si dévoué et lui promet un signe pour le lendemain...
Mais notre pauvre Juan Diego ne paraît point de toute la journée du lendemain. En effet, en rentrant chez lui le dimanche soir, il a trouvé son oncle, Juan Bernardino, qu’il aime comme son père, très gravement malade. Et toute la journée du lundi, il s’est mis en quête d’un médecin et a veillé au chevet de son oncle. La nuit a été très mauvaise pour le malade qui se sent près de la mort et qui prie instamment Juan Diego, ce mardi matin, d’aller chercher un prêtre...
Juan Diego part au plus vite et se souvient du rendez-vous manqué de la veille. Que faire ? Il craint, s’il passe par le lieu de l’apparition, des reproches de la Dame et croit naïvement les éviter en prenant un autre sentier... “Quand j’aurai prévenu le prêtre, se dit-il, je reviendrai la voir.”
Il marche tranquillement sur le petit chemin, quand, tout-à-coup, la Sainte Vierge vient à sa rencontre, descendant la colline dans son étincelante lumière, comme la première fois : “Où vas-tu, cher fils ? Quel chemin as-tu pris? “
Le pauvre Juan Diego tombe à genoux et raconte ses malheurs, et le souci qu’il a de son oncle si près de mourir...
Avec douceur et tendresse, Notre Dame lui répond :
“Écoute-moi bien, mon petit, le plus petit, et garde bien ceci dans ton cœur : ce qui t’afflige, ce qui t’effraie, n’est rien. Ne crains rien ! Ne suis-je pas là , moi qui suis ta Mère ? N’es-tu pas au creux de mon manteau ? Que te faut-il de plus ? Aie toute confiance : ton oncle ne mourra pas cette fois. Et même, il est déjà guéri !”
Ces paroles mettent dans le cœur de Juan Diego tant de paix et de réconfort qu’il s’écrie aussitôt : “Alors, ma Dame, envoyez-moi vite vers Monseigneur avec le signe que vous m’avez promis !”
C’est alors que la Sainte Vierge lui demande d’aller tout en haut de la colline lui cueillir les fleurs qu’il y trouverait. Juan Diego sait très bien qu’aucune fleur ne peut pousser (surtout au mois de décembre !) au sommet de la colline, où il n’y a que des rochers...
Il obéit pourtant et, en arrivant là-haut, découvre avec émerveillement un magnifique parterre de fleurs au parfum délicieux, que la rosée recouvre encore!... Quelle surprise !
Il ouvre son manteau, y met toutes les fleurs qu’il peut cueillir et redescend plein de joie les présenter à Notre Dame. Elle les prend et les dispose au creux du manteau de Juan Diego en lui disant : “Voici le signe demandé. En présence de l’évêque, tu ouvriras ton manteau et tu lui montreras ce que tu lui apportes, en lui racontant tout...”
Tout heureux et plein de confiance, Juan Diego se dirige une nouvelle fois vers le palais épiscopal et demande à être reçu. Mais il est encore trop tôt et puis, on commence à le connaître, avec toutes ses histoires ! Et on se méfie plutôt de lui, maintenant ; et puis, que cache-t’il donc encore dans son manteau aujourd’hui?... Comme d’habitude, on le fait attendre... mais on finit quand même par l’introduire.
Il ouvre son manteau devant l’évêque, éberlué de voir tant de si belles fleurs en cette saison ! (à cette époque, c’était absolument impossible !)
Mais Mgr de Zumarraga n’a pas encore tout vu ! Pendant que les fleurs tombent à ses pieds, voici qu’un prodige inouï se produit : le portrait de la Sainte Vierge, telle que Juan Diego l’avait longuement décrite à l’évêque, se trouve soudain imprimé sur la toile du manteau !...
L’évêque tombe alors à genoux, émerveillé, le cœur débordant d’amour. Il croit maintenant à tout ce que Juan Diego lui a dit.
Avec enthousiasme, il transporte l’image miraculeuse dans sa chapelle privée, en rendant grâce à Dieu et à sa Sainte Mère !
Toute la journée, il garde Juan Diego à ses côtés et, le lendemain, va avec lui sur la colline pour voir l’endroit désigné par la Sainte Vierge pour la construction de l’église.
Juan Diego en profite pour aller voir son oncle qu’il avait laissé si malade...
Celui-ci, parfaitement rétabli, raconte à tous, à la demande de l’évêque, ce qui lui est arrivé : lui aussi a reçu la visite de Notre Dame.
Elle a chassé son mal, a confirmé son désir de se voir construire une église, et exprimé le souhait que son image porte le nom de NOTRE DAME DE GUADALUPE, ce qui signifie “fleuve de lumière”.
Le bruit du prodige se répand très vite dans la ville, tous accourent pour honorer l’image miraculeuse.
Plus de 450 ans après, le manteau du pauvre Juan Diego est toujours exposé dans la grande basilique (1), et les milliers de pèlerins qui viennent chaque année peuvent contempler le seul portrait au monde de la Sainte Vierge qui n’ait pas été fait de main humaine...